Souvenirs de l'Abbé Desvernay, premier directeur

Publié le par Ressins 2010

     C'est au début de mars 1920 que M. l'Abbé Régis Desvernay, ancien directeur de l'Orphelinat Agricole d'Aix (Loire), fut envoyé à Ressins par son Eminence la Cardinal Maurin pour préparer l'ouverture de l'école.
      Voici ses souvenirs (que nous complétons des souvenirs de l'abbé Desvernay, et de M. le chanoine Arnaud) :

      Le château était désert. Il n'était plus habité depuis une vingtaine d'années, avant même la mort de son propriétaire, M. Gautier. 
Comme personnel : M. Bonin, régisseur. Chaque semaine, le lundi, M. Bonin ouvrait volets et fenêtres, à 9 heures du matin et les refermait, l'après-midi, à 3 heures en hiver, et à 6 heures en été. L'atelier de peinture avait l'air de s'ennuyer dans sa solitude. Quelques toiles restaient encore, vestiges d'un passé glorieux. Les communs avaient été transformés, Le grand hall communiquait du nord au sud et abritait le pressoir et les cuves, et donnait accès à une cace. Les anciens disaient qu'on avait fait autrefois jusqu'à 400 pièces de vin. 
      Pour le service de la Régie, il y avait le père Vagnaud, le père André, et aussi le père Pouzon, l'homme de confiance, habile en toute besogne. Il savait déceler une fuite dans une canalisation, abattre et débiter les arbres, piéger les nuisibles sur l'étang de la Baronne. Terreur des braconniers, il avait le flair pour les dépister. Très près de la nature, il devinait le temps qu'il allait faire, connaissait le passage des oiseaux migrateurs, savait où gîtaient les lièvres. Comme domestique, Jandard, spécialement au service de M. Ressort, locataire des prés d'embouche et très habile à évaluer la valeur d'une bête, et Mlle Euphrasie, toujours si dévouée, et qui fut la première cuisinière de l'Ecole.
      Aux écuries, un vieux cheval : la jument noire, d'un âge incertain, qu'on attelait pour les courses de Charlieu, le service de la gare et pour aller à la messe le dimanche à Nandax. Pas d'autre bétail, ni lapins, ni poules.
      On acheta d'abord une paire de boeufs, puis deux, pour les transports nécessités par les constructions, et un cheval : le grand Rouge, l'antipode de la jument noire, le type de "la plus noble conquête de l'homme".
      Un jour, le père Jandard amena de Roanne un lot de six vaches bretonnes. Elles occupèrent autant de places vides  aux écuries et furent plus tard avantageusement remplacées par les Charolaises et les Montbéliardes. Peu à peu, on compléta avec les ruches, les moutons, la porcherie
      Travaux d'aménagement. Selon les plans de l'architecte de Charlieu, M. Truchet, on transforma le bâtiment des remises en trois salles de classes, spacieuses, magnifiquement éclairées par de larges baies et meublées de tables modernes pour l'époque. Ce travail fut mené à bien par M. Marchelet, entrepreneur à Nandax.
      Au château, on aménagea les nombreuses chambres en dortoirs, en abattant les cloisons du premier étage. Le grand salon aux splendides boiseries fut transformé en chapelle ; la petite et silencieuse chapelle pleine de souvenirs de la famille Gautier servit de sacristie, et l'ancienne salle à manger devint le premier réfectoire des premiers élèves de Ressins.
      Pas d'eau potable à Ressins. Il fallut capter la source "Imbert", d'ailleurs excellente, régulière et abondante. Voici quelques indications : forage et dégagement des points d'émergence retenus dans un bassin peu profond, cabine à quelques mètres où s'abrite une pompe Triplex. Aspiration presque nulle ;  par contre, refoulement sur 600 mètres de canalisation (d'Imbert au château, dans un réservoir placé dans la tour du milieu) avec élévation de 76 mètres. Le tout actionné par ce capricieux Pilter, moteur de deux chevaux !
      Pas d'éclairage à Ressins... du moins moderne. Sur les indications de M. Gautier, un groupe électrogène fut acheté dans un château de Droue (Loir et Cher) et installé avec sa batterie de 60 accumulateurs par M. l'Abbé Pichat, alors curé de Cherier. Grâce à la puissance du moteur Labbé (10 cv) on put installer et actionner une scierie monté par M. Aubague.
     Ces aménagements faits et complétés dans la suite avec le mobilier scolaire et l'outillage agricole, la question importante et délicate fut le recrutement d'un personnel sérieux et compétent. Les principaux cours furent donnés par les ecclésiastiques, ainsi qu'un jeune professeur M. Duclaux, et M. Guignabaudet jardinier arboriculteur, tous deux logés à Nandax ;  un chef de culture M. Chaffal ; deux moniteurs et surveillants. Quatre religieuses maristes assuraient le service cuisine, lingerie et infirmerie.
      Quant au début d'Octobre 1920 l'Ecole s'ouvrit avec 18 élèves, Son Eminence le Cardinal Maurin vint la visiter, accompagné de Mgr Giray, évêque de Cahors, elle eut un vrai sourire de satisfaction et des paroles pleines d'espérance.

Publié dans Un peu d'Histoire...

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