Histoire de Ressins (4) : biographie d'Etienne Gautier

Publié le par Ressins 2010

D'après la revue Les Contemporains - N°864 - 2 mai 1909.

I. Enfance et famille

     Etienne Gautier naquit le 21 mars 1842, à 19 heures,  à Marseille. Il appartenait à une excellente famille lyonnaise, où la foi et la vertu étaient héréditaires. Son grand-père -Etienne- enfant à l'époque de la Révolution qui avait ruiné sa famille, entra comme secrétaire chez un représentant du peuple, et sauva, par sa présence d'esprit, plusieurs victimes destinées à l'échafaud. C'était une nature énergique et tenace, une intelligence vive et audacieuse ; plus tard il édifiait seul, en toute loyauté et honneur, l'immense fortune de sa famille.
     Sous le même toit vivaient, à la mode des anciennes familles françaises, enfants et petits-enfants ; ils étaient 40 à peupler les trois étages de l'hôtel.
     Etienne grandissait, frêle et maladif, au milieu de ses trois soeurs dont il partageait les jeux et les études. Si son esprit charmant et son humeur gaie accueillaient toujours en riant les taquineries et les malices, en revanche il devenait grave et mécontent dès qu'un mot offensait sa conscience. Deux de ses petits cousins ayant échangé, un jour, devant lui, quelques propos légers, il se tut subitement, puis s'éloigna, le visage triste et sérieux. Devant toute ombre du mal, il se repliait comme une sensitive.
     Ses premières impressions de beauté se rattachent à la Villa Ombrosa, charmante habitation d'été que possédait son grand-père aux environs de Lyon. Ce cadre charmant disposa Etienne à copier les paysages qui enchantaient ses yeux ; de jolies compositions naissaient déjà, sans effort, sous sa plume ou sous son crayon. Pendant  les soirées d'hiver à Lyon, réunis sous la lampe, autour de la table de famille, les enfants puisaient d'autres images dans les lectures amusantes que leur faisait leur mère ; Etienne cryonnait au passage, avec un rare bonheur, toutes les figures qui l'intéressaient.
     A 9 ans, Etienne venait habiter avec les siens, dans le département de la Loire, la terre et le vieux château de Ressins, où devait s'exercer plus tard son ardente charité. Mais il n'y resta pas longtemps, ses parents estimaient qu'un fils unique, entouré et gâté par ses soeurs, n'était pas dans des conditions d'éducation assez sérieuses, et, malgré sa santé délicate, il fut placé comme interne dans un pensionnat de Lyon, sous la direction de l'abbé Blanc qui écrivit ceci à sa mère : "N'ayez aucune crainte pour l'avenir de cet enfant, son âme est si pure et d'une trempe si solide qu'il passera à travers le feu sans se brûler."
      Etienne acheva ses études classiques chez les Jésuites de Mongré, près de Villefranche. Il aima ses maîtres et ses condisciples, mais jamais il ne put se résigner à la vie de collège et à l'exil de la maison paternelle.
     Ses goûts, ses idées, son tempérament l'emportaient vers l'art. Cette voix magique couvrait celle du professeur ; s'il maniait une plume ou un crayon, c'était pour tracer malgré lui les dessins charmants qui n'avaient rien de commun avec les devoirs. Sa conscience, si vite éveillée, en souffrait.
     Doué d'une manière heureuse, il se distingua dans les hautes classes ;  ses professeurs citaient ses compositions parmi les meilleures, et il remporta souvent les premiers prix.
     Etienne avait 16 ans quand mourait l'aîné de ses soeurs, Eugénie, à peine âgée de 20 ans. Elle s'éteignit dans tout le rayonnement d'une vertu, d'une intelligence et d'un charme qu'elle seule ignorait. On ne peut parler de l'un sans penser à l'autre. Ce sont les mêmes dons magnifiques, les mêmes beautés morales cachées et pourtant resplendissantes. Tous les deux furent des "outranciers de la charité".

                                                                                                                       A suivre.

Publié dans Un peu d'Histoire...

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